Durant le confinement, la campagne ne s’est pas arrêtée à Metz avec beaucoup de manoeuvres en coulisses et des fortunes diverses pour les trois finalistes, François Grosdidier, Xavier Bouvet et Françoise Grolet. Les électeurs y voient sans doute plus clair mais il reste encore des incertitudes.
Pour la candidate du Rassemblement National, les choses semblent entendues. Sans surprise, Françoise Grolet s’est qualifiée (dans la douleur) pour le second tour mais ça s’arrête là. Le fameux “plafond de verre” est une nouvelle fois atteint et malgré la venue à Metz de Marine Le Pen en février dernier pour booster sa campagne, Françoise Grolet aura bien sa place au conseil municipal, mais toujours dans l’opposition, malgré d’énormes ambitions manifestées en début de campagne.
La dynamique selon François Grosdidier
François Grosdider, lui, a réussi à fédérer et il n’a cessé durant le confinement d’engranger sur le plan comptable. Avant la clôture des listes pour le second tour, le candidat Les Républicains qui a viré en tête (29.76%), a annoncé qu’il fusionnait sa liste avec celle de Béatrice Agamennone.
La candidate divers-centre, ancienne référente LREM en Moselle, était arrivée en cinquième position au premier tour. Ses 6,19% lui permettaient de négocier avec les listes qualifiées. Son choix s’est porté sur François Grosdidier pour une alliance qualifiée de « naturelle et évidente » selon les deux candidats. Mais la nouvelle a surpris beaucoup de monde, y compris des membres de sa liste.
« Un choix pesé »
Un chapitre de ma vie se termine le 28 juin prochain après plus de 20 ans d’engagements pour Metz.
J’ai une pensée particulière pour toutes celles et tous ceux qui pendant ces deux décennies m’ont soutenu et m’ont apporté leur confiance. https://t.co/FpKjwSGiVJ— Emmanuel Lebeau (@EmmanuelLebeau) June 6, 2020
A cette prise, le sénateur de Moselle a ajouté le candidat divers droite Emmanuel Lebeau qui lui apporte son soutien. Cela représente « hypothétiquement » 4,93% de plus pour François Grosdidier. Même s’il faut rester très réservé sur ces reports et ces additions de voix, cela procure surtout au candidat LR l’idée que la dynamique est de son côté. « Pendant que j’avance, les autres stagnent« , c’est en quelque sorte le message que François Grosdider envoie clairement aux électeurs.
Peu d’ouverture à gauche
A gauche, Xavier Bouvet avec ses 24,98%, a étonné et surpris beaucoup de monde, y compris dans son propre camp. Parti comme un inconnu dans cette campagne avec l’étiquette Europe Ecologie-Les Verts et soutenu par le maire sortant Dominique Gros (PS), il a réussi à fédérer autour d’un projet le Parti socialiste, le Parti communiste, les Radicaux de gauche et Génération.s. Pas mal pour un débutant qui a retrouvé face à lui au premier tour Thomas Scuderi. L’ancien adjoint au maire chargé de la citoyenneté et de la démocratie participative a lui aussi bâti une liste divers gauche mais il a rencontré beaucoup moins de succès même si son score reste très intéressant (6,14%). Après réflexion, Thomas Scuderi a décidé d’apporter un soutien “sans réserve et sans ambiguïté” à Xavier Bouvet.
J’ai décidé de soutenir @X_Bouvet pour le 2d tour des #Municipales à #Metz. Sur tous les points, ma vision de la Ville rejoint celle portée par @UnisPourMetz. Aujourd’hui, il est le porteur d’espoir, la lueur du renouveau et de la résilience pour notre ville. Votons massivement ! pic.twitter.com/bhFU8AfXVK
— Thomas Scuderi (@ThomasScuderi) June 16, 2020
Mais les Graoully insoumis, issus de la scission des Insoumis messins et soutiens de la liste de Thomas Scuderi, ont fait savoir qu’ils ne défendraient aucune des trois listes en lice au second tour. Le report de voix est loin d’être une science exacte.
Positionnement et incertitudes
Sans surprise, Jean-Hughes Nyalendo de LFI (2,30%) et Mario Rinaldi de Lutte Ouvrière (1,14%) ont indiqué ne pas soutenir l’un ou l’autre des candidats.
Deux inconnues subsistent. La première, c’est de savoir où se reporteront les votes du candidat LREM, Richard Lioger. L’intéressé a déclaré dans un communiqué de presse au début du mois que « Les Messins auront le choix le 28 juin prochain entre trois listes toutes très marquées. Les citoyens électeurs sont bien évidemment libres de leur vote. Au regard de nos valeurs nous ne pouvons qu’écarter le choix de la liste d’extrême droite. Les deux autres listes auraient pu engager un réel dialogue avec les 25 % d’électeurs qui ne seront pas représentés sous leurs couleurs au second tour avec pour objectif de rassembler une majorité pour gouverner la ville dans l’intérêt de Metz, des Messines et des Messins. Cela n’a pas été le cas, chacun est resté sur ses positions. Et ce ne sont pas les petits ralliements/reniements de dernière minute réalisés uniquement pour sauver un poste compromis au 1er tour qui feront croire le contraire aux Messins. Nous encourageons les électeurs à aller voter et ainsi effectuer leur devoir et exercer leur droit de citoyen. » En clair, Richard Lioger (7,16%) et ses colistiers ont décidé de ne pas donner de consigne de vote tout en précisant que la fusion avec François Grosdider était inenvisageable et que Xavier Bouvet avait toujours fermé la porte à une alliance.
L’autre inconnu, c’est Jérémy Aldrin, le candidat divers droite qui a obtenu 5,60%. Il y a de l’eau dans le gaz entre lui et François Grosdidier à la suite de la publication d’un tract du sénateur LR. Dans ce document de campagne, François Grosdidier explique y « partager les idées portées au premier tour par Emmanuel Lebeau et Jérémy Aldrin« . Une façon grossière de faire de la récup’ de voix selon Jérémy Aldrin, alors qu’il ne s’est pas publiquement positionné sur un éventuel soutien. Une franche discussion devrait sans doute clarifier très rapidement la situation entre les deux hommes qui ont intérêt à trouver un terrain d’entente en vue d’un second tour qui approche à grand pas…. et où l’électeur est rare. A Metz, le taux de participation était très faible pour le premier tour : 31,43%.
Table des matières