Le merveilleux est devenu tellement populaire qu’il devient désormais un nom commun recensé dans le dictionnaire Larousse. L’édition 2023 fait entrer 150 nouveaux mots parmi lesquels l’étonnant gâteau du Nord qui a quelques origines belge, aussi.
Entre fierté qu’on offre aux convives et pêché et mignon inavouable, tous les gourmands rencontrés aux abords de la boutique du Vieux-Lille hésitent. « Huuum , c’est tout simplement orgasmique. C’est fondant et croquant à la fois « , assure les joues toutes roses cette cliente de passage dans la pâtisserie du célèbre Fred, à Lille. Elle ne veut ni être photographiée, ni donner son identité : c’est un détour dans son emploi du temps à peine assumé. Tout juste avoue t-elle « être de la région et s’offrir ce petit plaisir solo dès qu’elle passe dans le coin » : aujourd’hui, c’était pour elle le test du parfum chocolat blanc, caramel, étiqueté le « Sans-Culotte ». On en salive aussi, ici le « Merveilleux de Fred » n’est pas le seul classique chocolat. Il y a six déclinaisons « maison », plus quelques créations au gré des saisons, une véritable collection.
Huuum, c’est tout simplement orgasmique. C’est fondant et croquant à la fois
une fan prise en flagrant-délit
On connaissait la Merveille, ce surnom que l’on donne en Normandie au mont Saint-Michel. Le Nord aura maintenant officiellement son « merveilleux ». Le Larousse 2023 parmi 150 mots plutôt liés à l’actualité comme Covid-long et wokisme, intronise donc cette pâtisserie traditionnelle vendue dans toutes boulangeries de France comme une meringue-choco.
Dans le Larousse 2023 nous liront donc dès le 15 juin 2022 que c’est un nom masculin issu du Nord et de Belgique : « Pâtisserie composée de deux meringues soudées par de la crème Chantilly (ou de la crème au beurre) et parsemée de copeaux de chocolat. »
Les puristes vous expliqueront qu’ici on coupe le chocolat sur du marbre, rien à voir avec le vermicelle que l’on retrouve dans le reste de la France. Et puis de la crème au beurre ? Pas vraiment.
C’est bien plus léger qu’une crème pâtissière. C’est aérien mais ça n’est pas de la chantilly non plus
« Je ne peux vraiment pas vous donner notre recette, c’est un secret », nous chuchote Ouiza Ben Messaoud, cheffe-vendeuse dans la boutique du Vieux-Lille. « C’est artisanal, avec des produits frais. On fabrique devant les clients en vitrine. » Aujourd’hui, il y a surtout des journalistes et des curieux mais en période de fêtes (Noël, Pâques, etc) et tous les dimanches, » il y a du monde jusque loin dans la rue. On en sert jusqu’au bout de la journée. Les frigos sont pleins. »
C’est une vraie fierté de voir ce gâteau entrer dans le dictionnaire. On fait parfois des éphémères, peut-être que nous aurons un merveilleux Larousse d’ici le 15 juin
Ouiza Ben Messaoud , vendeuse au Merveilleux de Fred
Son patron Fred Vaucamps a depuis les années 80 ouvert quatre boutiques à Lille, dont une dizaine à Paris et ailleurs à Nantes, Metz, Lyon ou Bordeaux. La success story de cette pâtisserie populaire n’est donc pas qu’une aventure commerciale extraordinaire commencée au milieu des années 30 à Hazebrouck avec la famille Mouille, l’entrée dans le dictionnaire Larousse lui assure une vie éternelle.